Naissance de Gustave Flaubert le 12 décembre 1821 à Rouen
Gustave Flaubert
12 décembre 1821 à Rouen – 8 mai 1880 à Canteleu (Seine-Maritime)
Né le 12 décembre 1821 à Rouen, dans la famille d’un chirurgien, Gustave Flaubert, enfant précoce, se lie d’amitié avec Maxime du Camp, lequel l’encourage à écrire un premier roman, L’Éducation sentimentale.
Contraint d’interrompre ses études après une crise d’épilepsie, il entame une liaison de dix ans avec Louise Collet et, ayant hérité de la fortune paternelle, décide de se consacrer à la littérature en dilettante.
Établi à Croisset, au bord de la Seine, il termine en 1849 La tentation de Saint Antoine puis entame l’écriture de son plus célèbre roman, Madame Bovary. Il l’interrompt pour un voyage en Égypte avec Maxime du Camp.
Le roman est enfin publié en 1856, sous le Second Empire. Il signe la fin du romantisme et le début du réalisme, pour lequel il n’y a « ni beaux ni vilains sujets ». En 1862 paraît Salammbô et en 1869 la seconde version de L’Éducation sentimentale.
À sa mort, le 8 mai 1880, dans sa maison de Croisset, à Canteleu, au bord de la Seine, il laisse aussi Trois Contes et un roman inachevé, Bouvard et Pécuchet.
« Je suis un homme-plume » !
Sur les photographies, on ne voit d’abord qu’une énorme moustache. Était-ce une façon pour Gustave Flaubert de dissimuler adroitement sa personnalité ?
L’homme reste en effet mystérieux, comme perdu entre le génie titanesque de Victor Hugo et la gloire désormais mondiale de son protégé Guy de Maupassant.
Son air triste a-t-il un lien avec le destin de son personnage le plus marquant, Madame Bovary, créature froufroutante qui a fini par lui échapper ? Allons voir un peu ce qui se cache derrière ce nœud papillon !
Né le 12 décembre 1821 à Rouen, dans la famille d’un chirurgien, Gustave Flaubert, enfant précoce, se lie d’amitié avec Maxime du Camp, lequel l’encourage à écrire un premier roman, L’Éducation sentimentale.
Contraint d’interrompre ses études après une crise d’épilepsie, il entame une liaison de dix ans avec Louise Collet et, ayant hérité de la fortune paternelle, décide de se consacrer à la littérature en dilettante.
Établi à Croisset, au bord de la Seine, il termine en 1849 La tentation de Saint Antoine puis entame l’écriture de son plus célèbre roman, Madame Bovary. Il l’interrompt pour un voyage en Égypte avec Maxime du Camp.
Le roman est enfin publié en 1856, sous le Second Empire. Il signe la fin du romantisme et le début du réalisme, pour lequel il n’y a « ni beaux ni vilains sujets ».
En 1862 paraît Salammbô et en 1869 la seconde version de L’Éducation sentimentale. À sa mort, le 8 mai 1880, dans sa maison de Croisset, à Canteleu, au bord de la Seine, il laisse aussi Trois Contes et un roman inachevé, Bouvard et Pécuchet.

La plume, rien que la plume !
« Je ne ferai que dire la vérité mais elle sera horrible, cruelle et nue » (lettre de Flaubert à Ernest Chevalier). Lorsqu’il énonce ce programme de vie, Flaubert n’a que 18 ans et l’ambition littéraire chevillée au corps.
Qu’on se le dise, il sera écrivain ou rien ! Et tant pis pour la carrière de juriste que sa famille de médecins normands veut lui faire adopter. Il est d’ailleurs assez doué pour manier la plume, comme le montrent ses premières œuvres écrites au collège. Mais quel esprit indiscipliné !
Celui que Sartre surnommera « l’idiot de la famille » arrive même à se faire exclure du lycée à quelques semaines du bac, auquel il est reçu brillamment, cela va de soi.
Après une année sabbatique offerte par des parents compréhensifs, il se lance sans conviction dans les études de droit. Quel ennui ! Heureusement la vie de bohème et la nouvelle amitié de Maxime du Camp sont là pour le soutenir dans cette épreuve qui aboutit sur un bel échec. Fini le droit, place à l’écriture !
Et si on allait voir ailleurs ?
« Je me suis senti tout à coup emporté par un torrent de flammes » : c’est ainsi que Flaubert décrit la crise nerveuse, certainement d’origine épileptique, qui le met dans un état comateux, en 1843.
Au milieu des siens, aux petits soins pour lui dans la jolie demeure de Croisset, il peut s’adonner tout entier à son péché mignon et travailler à L’Éducation sentimentale, publiée seulement en 1869. Mais le malheur rôde.
En quelques mois son père puis sa sœur décèdent, le laissant seul avec sa mère. En 1848, c’est son meilleur ami, Alfred le Poittevin, qui meurt dans ses bras ; cette nouvelle disparition lui inspire l’écriture de La Tentation de Saint Antoine, que ses amis compatissants lui suggèrent de détruire sans faute….
Pour se consoler, Flaubert tombe dans les bras de Louise Colet, la jeune modèle d’un de ses amis sculpteur, avant de prendre le large avec Maxime du Camp. Direction : l’Orient ! Pendant un an et demi, les deux compères trainent leur appareil photo et leur carnet de notes du côté de l’Égypte, du Liban et des lieux saints, puis de la Turquie et des sites antiques grecs. De quoi nourrir un récit de voyage de plusieurs centaines de pages… qui restera dans les cartons tant que « la grande œuvre » ne sera pas achevée.
Madame Bovary (1856)
Pauvre Charles Bovary ! Après une jeunesse médiocre conclue par un diplôme de médecin, le voici marié à la jeune Emma qui ne rêve que d’aventures romantiques et s’ennuie ferme dans sa campagne normande.
Cela tombe bien, son voisin est un beau marquis qui la comprend si bien qu’il lui ouvre les bras… Mais pas pour longtemps : la rupture est brutale pour Emma qui est vite consolée par Léon, clerc de notaire coutumier de l’amour dans les fiacres rouennais.
Mais l’adultère coûte cher en cadeaux et dentelles. Emma se couvre de dettes et, lorsque la menace de saisie se fait trop pressante, elle choisit le poison, laissant une petite fille et un veuf inconsolés.
Voici le récit de son agonie (troisième partie, chapitre VIII) :
« […] elle regarda tout autour d’elle, lentement, comme quelqu’un qui se réveille d’un songe ; puis, d’une voix distincte, elle demanda son miroir, et elle resta penchée dessus quelque temps, jusqu’au moment où de grosses larmes lui découlèrent des yeux. Alors elle se renversa la tête en poussant un soupir et retomba sur l’oreiller.
Sa poitrine aussitôt se mit à haleter rapidement. La langue tout entière lui sortit hors de la bouche ; ses yeux, en roulant, pâlissaient comme deux globes de lampe qui s’éteignent, à la croire déjà morte, sans l’effrayante accélération de ses côtes, secouées par un souffle furieux, comme si l’âme eût fait des bonds pour se détacher. Félicité s’agenouilla devant le crucifix, et le pharmacien lui-même fléchit un peu les jarrets, tandis que M. Canivet regardait vaguement sur la place. Bournisien s’était remis en prière, la figure inclinée contre le bord de la couche, avec sa longue soutane noire qui traînait derrière lui dans l’appartement. Charles était de l’autre côté, à genoux, les bras étendus vers Emma. Il avait pris ses mains et il les serrait, tressaillant à chaque battement de son cœur, comme au contrecoup d’une ruine qui tombe. À mesure que le râle devenait plus fort, l’ecclésiastique précipitait ses oraisons ; elles se mêlaient aux sanglots étouffés de Bovary, et quelquefois tout semblait disparaître dans le sourd murmure des syllabes latines, qui tintaient comme un glas de cloche.
Tout à coup, on entendit sur le trottoir un bruit de gros sabots, avec le frôlement d’un bâton ; et une voix s’éleva, une voix rauque, qui chantait :
Souvent la chaleur d’un beau jour
Fait rêver fillette à l’amour.
Emma se releva comme un cadavre que l’on galvanise, les cheveux dénoués, la prunelle fixe, béante.
Pour amasser diligemment
Les épis que la faux moissonne,
Ma Nanette va s’inclinant
Vers le sillon qui nous les donne.
— L’Aveugle s’écria-t-elle.
Et Emma se mit à rire, d’un rire atroce, frénétique, désespéré, croyant voir la face hideuse du misérable, qui se dressait dans les ténèbres éternelles comme un épouvantement.
Il souffla bien fort ce jour-là,
Et le jupon court s’envola !
Une convulsion la rabattit sur le matelas. Tous s’approchèrent. Elle n’existait plus. »

« Un livre sur rien » qui fait beaucoup de bruit !
Après ce petit contretemps exotique, il est en effet temps de se mettre au travail ! Flaubert a une carrière à construire ! Il s’enferme donc dans son cabinet de travail de Croisset avec une idée bien définie : ce sera « un roman moderne » avec un sujet volontairement sans intérêt. Il s’inspire d’un fait divers local, la mésaventure d’un ancien élève de son père dont la femme infidèle a fini par s’empoisonner.
La gestation, difficile, durera près de cinq années, tant le maître se montre cruel avec lui-même : « Ce n’est pas une petite affaire de faire du simple. J’ai peur de tomber dans le Paul de Kock [auteur de romans sur le peuple] ou de faire du Balzac chateaubrianisé » (à Louise Colet, 1851).